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Educ Pop Nice 2008
18 mai 2006

Pour un projet d’éducation populaire à Nice en

Pour un projet d’éducation populaire à Nice en 2008

1/ Définition

Avant de travailler à la définition d’un projet politique, il convient de s’accorder sur quelques termes, d’en partager une définition commune. Tout d’abord l’éducation. Il s’agit bien pour nous de la dimension la plus large de l’éducation, comme « ensemble des influences qui s’exercent sur un individu ou qu’un individu  exerce sur son environnement, qui se conjuguant, contribuent au développement de sa personnalité ».

Cette définition renvoie à la notion d’éducation populaire (c’est l’affaire de tous), et à la complémentarité des différents acteurs éducatifs, qui, s’ils exercent des responsabilités différentes, contribuent tous à l’éducation. Cette définition signifie également que l’éducation s’exerce par des actes finalisés, voulus (action de l’école, des structures éducatives, des parents) mais également par l’ensemble des situations vécues par un individu (médias, influence de la rue, monde économique…). L’éducation est également globale et permanente.

2/ Les enjeux politiques d’une politique éducative locale

Aujourd’hui, l’éducation des enfants et des jeunes s’organise autour de trois pôles :

La famille, qui en a la responsabilité légale, et qui transmet un modèle culturel

L’école, chargée de délivrer des savoirs structurés, des savoir faire et des savoir être (10% du temps des enfants)

Le temps libre, qui comprend tous les autres temps, pendant lesquels l’enfant n’est ni à l’école, ni sous l’influence éducative de sa famille ( environ 33% dont 14% de télévision).

Les inégalités sociales naissent au sein de la famille, en fonction de la qualité du patrimoine transmis (cf. Bourdieu). L’école, égalitaire, en offrant la même prestation à tous, reproduit les inégalités sociales, malgré la discrimination positive des ZEP censée lutter contre cela. Pendant le temps libre, les inégalités sociales se creusent. Alors que les plus favorisés accèdent à la culture, au sport, à de nouveaux environnements, grâce à leur solvabilité et à la volonté familiale, les plus défavorisés subissent bien souvent les influences néfastes de la rue, des « règles » de leur quartier.

L’intervention d’une commune devrait donc se situer prioritairement dans ce pôle là, en complémentarité de la famille et de l’école.

3/ Les éléments constitutifs d’une politique éducative locale

Les responsabilités des communes en matière éducative sont limitées. Les compétences fixées par la décentralisation ne concernent que la construction et l’entretien des écoles primaires. Cependant on a vu ces dernières années une montée en puissance des politiques éducatives locales, contractualisées avec l’état ou des  établissements publics. Les logiques du développement local imposent l’élaboration de projets qui s’appuient sur les réalités locales, impliquent les acteurs locaux dans les stratégies de transformation sociale.

Les différents dispositifs d’aménagement du temps de l’enfant (CATE, ARVEJ) puis de mise en cohérence des actions éducatives (CEL, CTL), d’accompagnement de la scolarité (CLAS), vont tous dans cette logique de politiques territorialisées et contractuelles, entre l’état, la CAF et les communes, ou regroupements de communes.

Les élus locaux, seuls  légitimes à  représenter la population d’un territoire, se voient reconnus dans les faits, comme à même de garantir la cohérence et la complémentarité des actions éducatives sur leur territoire, exercées par différents types d’acteurs : services de l’état, services communaux, associations, établissements publics...

C’est à travers une démarche de projet éducatif local que cette dynamique peut s’exercer.

Cette notion de projet éducatif local doit permettre de se situer dans une dynamique de transformation sociale, et non simplement de gestion de services rendus à

la population. La

notion de projet implique de s’appuyer sur un corpus de valeurs, définies dans le projet politique global (quelle vision de l’individu et de la société ?), de définir des orientations et des objectifs.

Il doit comprendre deux aspects :

Une politique éducative de droit commun, égalitaire, qui répond aux besoins de l’ensemble de

la population. On

peut résumer ces besoins ainsi :

·        De 0 à 8/9 ans : Accueil éducatif .Besoin d’un accueil assurant la sécurité physique et morale des enfants, avec une qualité éducative (locaux, personnel, activités, relations...). Réalisation des apprentissages fondamentaux.

·        10-16 ans : Acquisition de l’autonomie. Libéré des contraintes de l’accueil physique, l’enfant ayant acquis une certaine autonomie, il s’agit plus de favoriser l’appropriation éducative des ressources du territoire communal (ou intercommunal), en travaillant sur l’offre globale d’activités, la mise en place de parcours éducatifs, l’accessibilité à la culture, au sport, pour tous, par les tarifs, les transports, l’information, les procédures…

·        16-25 ans : Politique globale (éducatif, emploi, santé, logement…)

L’autonomie est acquise, ou devrait l’être, et la politique locale doit être plus globale, pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle de tous les jeunes, prenant en compte l’accès à l’emploi, le logement, la santé, la formation, la culture, le sport, les loisirs ...

Une politique plus ciblée en direction de certains publics identifiés (âges, quartiers, sexe …), dans une logique d’équité. Faire plus pour ceux dont les besoins éducatifs nous semblent les plus importants. Les logiques de la politique de la ville vont dans ce sens. Il conviendra de définir ces publics prioritaires.

Il faut à mon avis ne pas confondre ces deux volets d’une politique éducative locale et veiller à positiver les interventions publiques (Ex : on ne lutte pas contre l’échec scolaire mais on favorise la réussite scolaire par l’accompagnement de la scolarité)

4/ Quelques éléments de méthode

On voit que la mise en œuvre d’une telle politique nécessite de s’inscrire dans la durée, dans le cadre d’une démarche participative impliquant les institutions, associations, citoyens autour de la définition et de la mise en œuvre d’un projet éducatif local.

Une première phase consiste en la réalisation d’un diagnostic partagé qui identifie les besoins et les potentialités du territoire. Il est nécessaire d’identifier les publics dans une approche territoriale, par quartier,  et de recenser toutes les structures qui interviennent en matière éducative. Pour la seconde phase, à partir d’orientations partagées par la municipalité et les institutions, l’analyse de ces réalités doit permettre d’élaborer le projet éducatif local, qui recherchera la complémentarité et la cohérence des actions menées, et identifiera les dispositifs institutionnels qui peuvent les soutenir.

Christophe

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Commentaires
J
En Vrac,<br /> Il y a comme bien souvent plusieurs approches possibles.<br /> • Celle d’un groupe d’experts qui fournit de la réflexion donc de la matière aux élus, et ou aux candidats. A charge pour les experts d’être innovants, le but étant de « nourrir la réflexion » et de permettre aux élus de choisir politiquement. Nous sommes dans une démocratie élective ou l’élu décide en lien avec des techniciens.<br /> • Celle qui consiste à réunir les associations et les autres partenaires de la « société civile » les citoyens et de leur demander d’exprimer les besoins recensés, les diagnostics partagés.<br /> • Celle qui serait un mélange du tout : avec des experts, mener une réflexion, et ensuite déterminer une politique. Demander aux associations et autres partenaires de s’inscrire dans cette politique. Les associations ne manqueraient sans doute pas de répondre positivement dans la mesure où il est bien difficile d’exister, voir de survivre !<br /> <br /> <br /> Une démarche descendante s’oriente vers une démocratie déléguée, une ascendante s’approchant de la démocratie partagée donc plus participative. Ces choix ne sont pas neutres. Il préfigurent une organisation sociale future. <br /> <br /> La ou nous en sommes je pense que nous aurions tout intérêt à opter. Le travail du groupe en sera facilité. Et ce ne peut être que les candidats qui nous donnent l’option.<br /> <br /> Il est confortable d’appartenir à un groupe d’experts, ou toute production est à valider, d’autant que c’est l’élu ou le candidat qui choisira « in fine ». C’est un scénario qui permet une extrême liberté de penser les choses différemment.<br /> <br /> Dans l’autre cas, il s’agit bien de répondre à une commande aussi mais la réponse, fera suite à un diagnostic partagé et sera mis en œuvre par le candidat dans son programme.<br /> Nous sommes trop habitués en ce moment à des rapports avec les élus qui prennent en compte nos analyses et y apportent une réponse souvent transformée. Certes bien souvent ces réponses sont guidées par des choix politiques n’empêche que ces choix vont parfois minorer l’impact réel des décisions, même si dans un premier temps elles sont plus lisibles par l’électeur.<br /> <br /> Je vais essayer d’illustrer mon propos par un exemple :<br /> La région, dans la campagne de 2004, annonce une aide pour le BAFA.<br /> Les réseaux associatifs sont mobilisés dans une réflexion. Ils font donc des propositions. La région décide de financer la troisième étape du BAFA. Hors celle-ci est déjà fiancée en partie par les CAF, Jet S, certains Conseils Généraux. Le problème est l’entrée en formation ! Le jeune peut avoir 17 ans, et aucune expérience ni revenu. C’est la ou il faudrait à notre avis faire porter l’aide ! D’autant que nous assistons à une diminution progressive du nombre de jeunes s’engageant dans ce cursus. La région à choisit la troisième partie car un nombre important de jeunes ne finissent pas le BAFA, elle veut donc les aider à finir. On est sur la lisibilité de la politique, tout comme pour la J et S et les CAF. Il est plus glorieux de dire j’ai aidé des jeunes à obtenir un brevet que de dire j’ai permis à des jeunes d’entrer en formation !<br /> <br /> Le domaine de l’éducation populaire ou nous sommes est un espace sensible de citoyenneté ou les militants sont très regardants, à juste titre, de la prise en compte de leur engagement, et de l’efficacité du temps donné. <br /> Les associations sont, avant tout, porteuses de projets, elles peuvent s’inscrire dans des politiques plus globales, sous réserve de garder leur sens, leurs projets…leurs spécificités.<br /> Et ne pas être systématiquement réduite au rôle de prestataires, bien au-delà de la vie de la survie des associations, ce qui nous passionne c’est la citoyenneté et la subsidiarité qui s’exerce dans le tissu associatif. <br /> Il faut donc si nous en sommes d’accord que nous travaillons en connaissance de cause avec les regroupements associatifs et les coordinations. Nous aurons ainsi une plus grande représentativité et légitimité. D’autant que les voix à gagner sont celles qui ne sont pas acquises !<br /> Ce qui signifie dans tous les cas de dire ce que nous souhaitons. <br /> La municipalisation avec un service regroupant le tout ; peut être même pour faciliter <br /> « la vie » des associations ? La délégation ? La concertation avec les associations en lien avec les orientations politiques des candidats ? Structurer l’offre existante ? La compléter en suscitant des initiatives, la renforcer en aidant les associations ? <br /> La légitimité du suffrage universel, n’est pas forcément un label de démocratie, si l’élu est légitime parce qu’il a été élu encore faut-il qu’il mette en œuvre la politique pour laquelle il a été élu.<br /> désolé pour ce brouillon mais je compte sur vos réaction pour structurer<br /> Jacky
N
Je partage tout à fait ton analyse. La démarche d'un projet éducatif local devant aboutir à la création, à mon avis, d'un véritable service de l'enfance et de la jeunesse regroupant l'ensemble des services offerts à la population dans ces domaines tels que:<br /> l'accueil de la toutes petite enfance (crèche/halte garderie/assistance maternelle/ crèches familiales etc etc...<br /> la restauration scolaire et l'accueil des enfants le matin et le soir,<br /> la carte scolaire,<br /> la gestion des CLSH et centres de vacances, mini séjours et séjours,<br /> l'information jeunesse,<br /> la gestion des activités ado et jeunes adultes,<br /> les relations avec le tissu associatif intervenant en qualité de PARTENAIRES dans ces domaines<br /> et j'en oublie....(comme, je crois que vous en avez l'expérience sur Valbonne, des conseils municipaux d'enfants et de jeunes mais aussi du développement d'un plan informatique dans les écoles....)<br /> <br /> L'ensemble de ces actions s'inscrivent dans le cadre de financements croisés de différents partenaires (la CAF pour les contrats enfance et les CTL, la DDJS pour les CEL, la préf/le CG/Le CR pour le contrat de ville.....). Cela créée, actuellement, à Nice, une complexité importante notamment dans la relation avec les associations lorsqu'elles relèvent de plusieurs dispositifs et se trouvent en lien avec des directions différentes.<br /> <br /> Ne pas oublier, d'autre part, un élément important concernant la définition de telles politiques: le désengagement de l'Etat et l'absence, depuis quelques années, d'une réflexion globale sur l'aménagement du temps de l'enfant telle que nous la connaissions avec les Contrats d'Aménagement du Temps de l'Enfants ou les Aménagements du Rythme de Vie de l'Enfant et du Jeune ou les contrats Ville Vie Enfant voire encore avec la semaine Guy Drut. Aujourd'hui, tout repose, quasiment, sur les collectivités territoriales et tout particulièrement sur la commune. Peut-être que, dans les années à venir, l'Etat reprendra toute la place qui lui revient dans l'élaboration de ces politiques et tout particulièrement pour maintenir une cohérence et une égalité territoriale. <br /> <br /> Na pas oublier également tout ce qui relève de la "prevention de la délinquance" et le charmant projet que nous concocte notre Ministre de l'Intérieur préféré pour cet été.<br /> <br /> Autre interrogation....N'y aurait-il pas intérêt de proposer une réflexion intercommunale de ces problématiques? Quelle est votre expérience sur la CASA? Avons-nous des éléments d'analyse pour savoir, par exemple, comment s'organisent les familles en fonction des lieux de travail des parents et du lieu d'habitation de la famille (des familles dans le cas de famille recomposée) sur la CANCA?
P
Merci à christophe d'avoir élaboré ce texte...<br /> j'espère que désormais nous somme ssur les rails.
Educ Pop Nice 2008
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