Pour un projet d’éducation populaire à Nice en
Pour un projet d’éducation populaire à Nice en 2008
1/ Définition
Avant de travailler à la définition d’un projet politique, il convient de s’accorder sur quelques termes, d’en partager une définition commune. Tout d’abord l’éducation. Il s’agit bien pour nous de la dimension la plus large de l’éducation, comme « ensemble des influences qui s’exercent sur un individu ou qu’un individu exerce sur son environnement, qui se conjuguant, contribuent au développement de sa personnalité ».
Cette définition renvoie à la notion d’éducation populaire (c’est l’affaire de tous), et à la complémentarité des différents acteurs éducatifs, qui, s’ils exercent des responsabilités différentes, contribuent tous à l’éducation. Cette définition signifie également que l’éducation s’exerce par des actes finalisés, voulus (action de l’école, des structures éducatives, des parents) mais également par l’ensemble des situations vécues par un individu (médias, influence de la rue, monde économique…). L’éducation est également globale et permanente.
2/ Les enjeux politiques d’une politique éducative locale
Aujourd’hui, l’éducation des enfants et des jeunes s’organise autour de trois pôles :
La famille, qui en a la responsabilité légale, et qui transmet un modèle culturel
L’école, chargée de délivrer des savoirs structurés, des savoir faire et des savoir être (10% du temps des enfants)
Le temps libre, qui comprend tous les autres temps, pendant lesquels l’enfant n’est ni à l’école, ni sous l’influence éducative de sa famille ( environ 33% dont 14% de télévision).
Les inégalités sociales naissent au sein de la famille, en fonction de la qualité du patrimoine transmis (cf. Bourdieu). L’école, égalitaire, en offrant la même prestation à tous, reproduit les inégalités sociales, malgré la discrimination positive des ZEP censée lutter contre cela. Pendant le temps libre, les inégalités sociales se creusent. Alors que les plus favorisés accèdent à la culture, au sport, à de nouveaux environnements, grâce à leur solvabilité et à la volonté familiale, les plus défavorisés subissent bien souvent les influences néfastes de la rue, des « règles » de leur quartier.
L’intervention d’une commune devrait donc se situer prioritairement dans ce pôle là, en complémentarité de la famille et de l’école.
3/ Les éléments constitutifs d’une politique éducative locale
Les responsabilités des communes en matière éducative sont limitées. Les compétences fixées par la décentralisation ne concernent que la construction et l’entretien des écoles primaires. Cependant on a vu ces dernières années une montée en puissance des politiques éducatives locales, contractualisées avec l’état ou des établissements publics. Les logiques du développement local imposent l’élaboration de projets qui s’appuient sur les réalités locales, impliquent les acteurs locaux dans les stratégies de transformation sociale.
Les différents dispositifs d’aménagement du temps de l’enfant (CATE, ARVEJ) puis de mise en cohérence des actions éducatives (CEL, CTL), d’accompagnement de la scolarité (CLAS), vont tous dans cette logique de politiques territorialisées et contractuelles, entre l’état, la CAF et les communes, ou regroupements de communes.
Les élus locaux, seuls légitimes à représenter la population d’un territoire, se voient reconnus dans les faits, comme à même de garantir la cohérence et la complémentarité des actions éducatives sur leur territoire, exercées par différents types d’acteurs : services de l’état, services communaux, associations, établissements publics...
C’est à travers une démarche de projet éducatif local que cette dynamique peut s’exercer.
Cette notion de projet éducatif local doit permettre de se situer dans une dynamique de transformation sociale, et non simplement de gestion de services rendus à la population. La
Il doit comprendre deux aspects :
Une politique éducative de droit commun, égalitaire, qui répond aux besoins de l’ensemble de la population. On
· De 0 à 8/9 ans : Accueil éducatif .Besoin d’un accueil assurant la sécurité physique et morale des enfants, avec une qualité éducative (locaux, personnel, activités, relations...). Réalisation des apprentissages fondamentaux.
· 10-16 ans : Acquisition de l’autonomie. Libéré des contraintes de l’accueil physique, l’enfant ayant acquis une certaine autonomie, il s’agit plus de favoriser l’appropriation éducative des ressources du territoire communal (ou intercommunal), en travaillant sur l’offre globale d’activités, la mise en place de parcours éducatifs, l’accessibilité à la culture, au sport, pour tous, par les tarifs, les transports, l’information, les procédures…
· 16-25 ans : Politique globale (éducatif, emploi, santé, logement…)
L’autonomie est acquise, ou devrait l’être, et la politique locale doit être plus globale, pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle de tous les jeunes, prenant en compte l’accès à l’emploi, le logement, la santé, la formation, la culture, le sport, les loisirs ...
Une politique plus ciblée en direction de certains publics identifiés (âges, quartiers, sexe …), dans une logique d’équité. Faire plus pour ceux dont les besoins éducatifs nous semblent les plus importants. Les logiques de la politique de la ville vont dans ce sens. Il conviendra de définir ces publics prioritaires.
Il faut à mon avis ne pas confondre ces deux volets d’une politique éducative locale et veiller à positiver les interventions publiques (Ex : on ne lutte pas contre l’échec scolaire mais on favorise la réussite scolaire par l’accompagnement de la scolarité)
4/ Quelques éléments de méthode
On voit que la mise en œuvre d’une telle politique nécessite de s’inscrire dans la durée, dans le cadre d’une démarche participative impliquant les institutions, associations, citoyens autour de la définition et de la mise en œuvre d’un projet éducatif local.
Une première phase consiste en la réalisation d’un diagnostic partagé qui identifie les besoins et les potentialités du territoire. Il est nécessaire d’identifier les publics dans une approche territoriale, par quartier, et de recenser toutes les structures qui interviennent en matière éducative. Pour la seconde phase, à partir d’orientations partagées par la municipalité et les institutions, l’analyse de ces réalités doit permettre d’élaborer le projet éducatif local, qui recherchera la complémentarité et la cohérence des actions menées, et identifiera les dispositifs institutionnels qui peuvent les soutenir.
Christophe